EXPO RÉTROSPECTIVE JAMES ROSSANT

James Rossant (1928-2009)

L’urbaniste et l’architecte

« James Rossant est né le 17 août 1928 à Manhattan et a grandi dans le Bronx. En 1953, il obtient une maîtrise de planification urbaine et régionale à Harvard Graduate School of Design, où il a étudié avec Walter Gropius, architecte du Bauhaus.

Après 1953, J. Rossant part en Italie pour travailler avec l’architecte Gino Valle (1923-2003), architecte et designer qui développe un dialogue entre architecture contemporaine, le préexistant historique et le paysage.

De retour aux États-Unis, il rejoint Mayer, Whittlesey an Glass, cabinet d’architecture créé en 1935, en tant qu’architecte et urbaniste. Sa première réalisation avec William J. Conklin est l’immeuble Butterfield House(2), un bâtiment situé à Greenwich Village dans le centre de New York.

Achevé en 1962, Butterfield House est salué comme un modèle d’intégration de l’architecture moderne dans un quartier historique. Il contribue ensuite à l’élaboration d’un plan directeur pour le sud de Manhattan Battery Park City (zone de logements, d’industrie légère, centre d’affaires au sud de New York). En tant qu’urbaniste, James Rossant a travaillé pour la conception de plusieurs villes nouvelles dont Reston, en 1966. L’essentiel en est la qualité de vie et des espaces, basée sur un principe de développement économique régional.

Cette période coïncidait avec le retour vers les campagnes pour les élites urbaines, phénomène qui découlait des conditions de vie urbaine dégradées : surpopulation, pollution, absence d’éléments naturels dans l’environnement, insécurité, délocalisation des activités humaines sur le territoire. Reston fonctionne comme une réponse immédiate aux attentes de la société.

Les années italiennes auprès de Gino Valle ont été déterminantes dans l’idée de la régionalisation de l’architecture et de l’ancrage culturel et économique qu’elle permet. Le travail de l’urbaniste prend en compte des données sociales et culturelles : transport, emploi, loisirs, commerces, études…

Au sein du groupe Mayer, Whittlesey and Glass, Albert Mayer (1897-1981) a particulièrement travaillé sur des projets de logements à grande échelle, jusqu’à influencer et conduire le gouvernement américain à changer sa politique du logement dans les années 1930, établissant ainsi le logement aux États-Unis comme une priorité en 1937.

James Rossant continuera ce type de programme avec William J. Conklin. Ils élaborent des plans pour une ville de 75.000 habitants dans la banlieue du comté de Fairfax (près de Washington). Leur conception intègre paysage, loisir, culture, commerce et logement. D’autres réalisations confortent cette approche : l’urbanisme du quartier Charles Center (Baltimore, 1969), l’École Ramaz (New York, 1981) et le monument commémoratif de la marine des Etats-Unis (Washington, 1987). Chaque projet amène une réflexion sur le développement des villes ; c’est le cas du Lac Anne Village Center, qui tente de répondre au problème de l’étalement urbain, en combinant maisons individuelles et immeubles, avec un quartier commerçant le long d’un lac artificiel.

Le talent de James Rossant tient à sa double compétence d’urbaniste et d’architecte qui considère l’acte d’architecture non comme une œuvre, un acte isolé sur un territoire, mais comme une résonnance sur le tout : la nature et la vie humaine. James Rossant a enseigné l’architecture au Pratt Institute (1970-2005) et le design urbain à la New York University School’s (1975-1983). »

Exposition du 11 mai 2013 au 30 juin 2013

 

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James Rossant, artiste

« Reconnu comme un dessinateur hors pair, James Rossant a exposé régulièrement ses dessins d’architecture et des peintures. Peintures de villes imaginaires, fictions paysagères proches de la bande dessinée parfois. Ces création revisitent ou anticipent son travail d’architecte. La majeure partie de celles-ci ont été publiées dans des Villes dans le ciel, ouvrage paru en 2009.

Certaines de ses œuvres ont pu anticiper des réalisations. Néanmoins, si elles puisent dans le vocabulaire de l’architecture les lignes, les motifs contemporains ou anciens, elles évoluent dans le temps, de la ligne claire au chaos des formes.  Les modénatures, les autoroutes, se transforment, deviennent tentaculaires. Tel un organisme vivant, la ville prend le contrôle de la vie et chasse les humains de son enceinte.

Le lien entretenu entre l’œuvre artistique et l’œuvre urbanistique rappelle l’éthique de James Rossant, reposant sur la bienveillance envers l’humanité et la raison. Son commentateur, le plus admiratif, Arthur C. Danto, partage cette utopie, celle d’une esthétique politique dont l’architecture parviendrait à exprimer le système de droits et de devoirs que chacun doit respecter, de telle manière qu’à chaque pas, chaque regard, le sens de la vie publique et politique apparaîtrait. La ville est pensée, ici, comme une cathédrale médiévale, tel un livre ouvert sur la cité, instruisant ses hôtes d’une recherche harmonieuse du vivre ensemble. Les villes flottant dans le ciel, les villes construites sur des escarpements, celles conçues sur des stylites posent la question de la rupture des sociétés développées avec la nature. Myriad Gardens Crystal Bridge (Oklahoma City), par l’harmonie de ses formes et la générosité de son jardin, tente une réponse à cette rupture entre l’homme et son environnement.

Est-ce pour cette raison que James Rossant s’est épris du Perche en un week-end ? Il y a séjourné les dix dernières années de sa vie et a continué d’y mener une vie créative. En témoignent de nombreuses aquarelles et croquis de paysages percherons. Ces séries constituent un corpus d’études, formulant une interrogation sur les matières du paysage, sur leur essence même. Le passage des saisons sur les éléments structurants du paysage, le regard renouvelé sur les perspectives, sont les marqueurs de l’homme qui prend le temps d’admirer et d’interroger le monde au contact d’une organisation spatiale, aboutissement d’une longue durée d’occupation humaine tout en se modifiant continuellement.

Est-ce un décor, un jeu de construction, est-ce la folie d’un peintre ? La haie percheronne sortie d’un tube de peinture ou soutenue par un étai tel un décor de théâtre, les vaches découpées comme des structures de jeux de rail où tout est amovible, ouvrent à la conscience de la fabrication du paysage.

Regardant ces séries, il nous prend l’envie d’aller contempler ces lieux à notre tour et d’y deviser sur l’existence du monde tout en admirant le point de vue. Symboliquement, ces aquarelles aident à l’appropriation d’un plan qui échappe à l’entendement ou au moins à en porter le témoignage. Le regard de James Rossant sur le Perche est celui d’un urbaniste unanimement reconnu pour son talent. Il a, par son œuvre percheronne, contribué à donner plus de valeur encore à ce territoire riche de sa force plastique.

Récompensé pour son œuvre, James Rossant a été sollicité pour de nombreuses expositions et publications. »

Texte traduit par Marion Scali et rédigé par Évelyne Wander.

Intervention : scénographie de l’exposition.

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